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    Témoignage Covid de l’Ardèche : organisation des soins et entraide depuis la pandemie

    La première chose que nous ayons faite dans notre secteur dès le début du confinement a été de faire un état des lieux avec les autres infirmières libérales des informations et besoins, matériels et humains dans nos tournées respectives y avait-il des contaminations connues, qui avait pu récupérer des masques, ou, comment appliquer les mesures de protection afin de nous protéger au mieux ainsi que nos patients et nos familles avec le matériel à disposition.

    Nous avons su assez rapidement que les directives données en termes de protection étant en rapport avec le matériel disponible, elles n’étaient pas suffisantes (il était alors préconisé de ne mettre les masques protecteurs qu’avec les patients présentant des symptômes alors que l’on sait qu’ils sont potentiellement contagieux avant l’apparition des symptômes).

    Nous avons décidé de plusieurs plans possibles en fonction de plusieurs cas de figures, notamment si des patients contaminés étaient identifiés dans une ou plusieurs patientèles, si on recevait des appels pour des suivis COVID, si des cas étaient avérés dans les structures dans lesquelles nous intervenions.

    Il a fallu rétablir les priorités et risques dans nos tournées respectives, identifier les lieux ou se procurer le matériel de protection (les dotations en masques n’étaient jamais surs d’une semaine sur l’autre et personne ne pouvait nous dire qui en avait combien en stock pour nous en fournir) donc beaucoup de temps pour gérer l’organisation des soins, le recueil et la circulation de l’information, les gestes de protection (énormément de décontamination du matériel, de notre voiture, de nous-même pour éviter tout risque de contagion pour nos patients et nos proches).

    Précisons que ni à ce stade, ni à aucun stade d’ailleurs nous n’avons eu de pistes, recommandations ni témoignages de la part des organisations censées nous chapeauter, au contraire les appels que nous avions arrivaient après la bataille pour savoir comment nous faisions sur le terrain !

    Et aucune information ne nous était communiqué pour nous dire combien de cas il y avait dans les structures environnantes (y compris celles où nous intervenions), combien de lits étaient disponibles en hospitalisation, combien de cas dans le département étaient recensés, ou se procurer tout ce dont nous avions besoin pour travailler au mieux.

    Aucun rappel ni conseils pratique ne nous a été fourni par les organisations telles que l’ARS. Et dans les EHPAD, celles qui étaient préparées l’étaient parce que les médecins ou l’équipe avaient pris les devants parce qu’aucune éducation n’a été faite auprès d’un personnel qui pour la plupart n’a jamais eu de formation soignante, donc à nouveau gros risque de propagation du virus par manque d’information.

    Nous nous sommes aussi proposées de venir renforcer leurs équipes ou remplacer quand cela était nécessaire Les premiers masques et matériels de protection reçus par les EHPAD dans le secteur ont été donnés par les infirmier(e)s libera(us)les du secteur ou par des entreprises sollicitées par nous.

    En résumé, la gestion de cette crise sur le terrain ne s’est faite que grâce à l’investissement, la solidarité et les réflexions du personnel de terrain, par les agents du terrain.

    Et toute cette organisation qui aurait dû être gérée par les instances responsables de la santé, toutes ces directives qui auraient pu nous faire gagner du temps et de l’efficacité et qui surtout n’est pas censé être de notre ressort, a brillé par son absence et son inefficacité.

    C’est pour cela qu’il est important pour les soignants et les usagers de se ressaisir des décisions prises pour que ce système de soins, qui faisait notre fierté et qui sait se montrer si efficace malgré les attaques subies les dernières années, perdure et ne baisse pas en qualité.

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